Depuis la fin des années 1990, Bertrand Meunier élabore d’amples séries photographiques auscultant, d’une manière frontale mais sensible, les territoires au sein desquels il s’immerge au long cours. Assumant sa part de subjectivité, son œuvre se construit dans un permanent va-et-vient productif entre l’ici et l’ailleurs.
Remarqué pour ses photographies sur les mutations sociales du monde contemporain chinois Erased, Paysans Ordinaires, il s’est ensuite intéressé aux mégalopoles asiatiques Suburbia. Il a en parallèle réalisé un long travail sur le Pakistan et l’Afghanistan, Je crus trouver cet autre chose, en collaboration avec le magazine Newsweek.
Plus près de nous, il chronique le quotidien des prisons françaises (Le silence est un luxe) et la vie de sa propre famille (L’homme éloigné et Refuge).
Membre du collectif Tendance Floue depuis 2007, son approche documentaire se double d’accents narratifs, servis par la poésie de son usage (presque) exclusif du noir et blanc.
Avec sa série sur la France Je suis d’ici, il porte son regard critique sur son propre pays, le parcourant dans toute sa diversité, privilégiant les zones périphériques. Il y réalise portraits et paysages qui, tous ensemble, disent la France contemporaine, l’aménagement et la défiguration de son territoire. Réalisée à l’occasion de résidences successives de Sète à Vierzon, de Paris et sa banlieue, de Clermont-Ferrand à Mulhouse, Lille ou Dunkerque, Je suis d’ici se veut un manifeste pour l’immersion dépaysante, l’étude de terrain minutieuse et le temps long de la photographie argentique. Loin d’être anecdotique, cette déambulation hexagonale, souvent mélancolique, poétique, toujours empathique, donne vie au pays réel sans grandiloquence, avec justesse, au plus près de ses habitants. Cette série se poursuit actuellement à Plaisir, à l’invitation de la ville.
En parallèle de ce travail sur la France, Bertrand Meunier, toujours attentif à la réalité contemporaine chinoise, a poursuivi sa réflexion sur l’empire du milieu. Il a entamé en 2018 un nouveau travail photographique, REC, métaphore et allégorie du contrôle permanent de l’Etat sur l’individu et sur l’ensemble de la société chinoise.
Son travail sur la Chine a fait l’objet d’un livre chez Atelier EXB et d’une exposition au musée Nicéphore Nièpce de Chalon sur Saône, en 2023, ainsi qu’au Musée de la photographie de Charleroi, en Belgique, en 2024.
Ses photographies sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées, dont la Bibliothèque Nationale de France, le Centre National des Arts Plastiques, le Musée des Beaux-Arts de Wuhan (Chine), le Centre d’Art Contemporain, Musée de la photographie de Charleroi (Belgique) et la collection Neuflize OBC.
La série Erased a reçu plusieurs récompenses dont le Prix Nicéphore Niépce en 2007 et le Prix Leica Oskar-Barnack en 2001. Il reçoit en outre le Prix international des Médias et le prix Joseph Kessel en 2005.
Bertrand Meunier est également lauréat, en 2022-2023, de la Grande commande du Ministère de la Culture : Radioscopie de la France, regards sur pays traversé par la crise sanitaire.
Le premier long métrage documentaire de Bertrand Meunier est tourné en prison à la Centrale de Poissy. Conversations, produit par TRIPTYQUE FILMS, film a fait sa Première mondiale au festival Traces de vies de Clermont-Ferrand, en décembre 2024, avant d’être projeté à Poitiers au festival Filmer le travail, en février 2025.
Il réalise depuis janvier 2025, à l’initiative de l’association Périphérie, un film avec des jeunes mineurs en difficultés du foyer Aristide Briand de la ville de Gagny.
Bertrand Meunier a obtenu une bourse d’aide à la création au Luxembourg, pour travailler sur un centre de psychiatrie ouvert. Ce travail fera l’objet en 2026 d’un livre et d’une exposition.